Lidija Nikčević: Stanica

Great Britain

Le miroir du naufragé

I

(La Mort pas du tout majestueuse)

 

C’est pareil de l’autre côté de la route, crois-tu.

C’est pareil là-bas, sur l’autre rive où

Il te semblait jadis que la vie ait plus proche.

Mais, tu ne le sauras jamais, comme tu ne senitras

Non plus la largeur invisible de l’Europe Centrale

Ou n’importe quel crépuscule sur la côte ouest.

Dans chaque endroit du monde, c’est pareil, là-bas

Où les vies arrivent à leur terme.

Chaque matin est comme le tien — participation

Involontaire à la vie. Et chaque fin de jour est pareille,

C’est comme quand tu tombes dans un sommeil: ta mort

Pas du tout majestueuse. Et tu es là temporairement,

Là, sur ce monde.

 

II

(Les rites du monde entier)

 

Tu regardes devant toi, tu interroges ton vide.

Accoudé au comptoir devant le visage connu,

Tu t’abandonnes aux pensées exactement comme hier

Tu ne vois que jusqu’à la publicité

pour une bière médiocre.

Tu n’as rien à accepter, tu n’as rien à reporter.

Aucune obligation ne peut t’empêcher d’effectuer

Tes rites quotidiens. Pour eux tu crois qu’ils

Sont les rites du modne entier.

Tu es la mesure d’une précision fatale

Ta vie se déroule là, devant le comptoir ou

Dans une autre demeure du perdant.

Probablement dans d’autres endroits

elle n’y est pas.

C’est uniquement la conscience sur le définitif

Qui te reste comme raisonable en fin de soirée.

Pour toi-même, comme ça, tu lâches quelques mots

Sans importance — ils dénoncent

ta philosophie transparante.

Juste avant de te coucher tu penses:

Il y a en fait des gens qui n’ont jamais vécu.

 

III

(D’un endroit à l’autre)

 

Tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu ne vas en fait nulle part.

Même pas toi-même,

tu ne sais pas décrire ton état actuel

(comme sont misérables les choses privées de dénomination!)

tu ne découvres pas de pays,

tu n’apprends pas de nouveaux mots

et de ceux déjà existant

tu ne te sers point comme tu voudrais.

Tes journées ressemblent de plus en plus

à l’oisiveté des femmes.

Puisque c’est une histoire déjà racontée

et tu as déjà entendu ou tu t’en doutes

Que toutes les histoires

sont exactement comme celle-ci,

De nouveau tu te coinces dans un coin

et tu ne trouves pas le moyen

de t’arracher du monde.

La tristesse est la marque de ton existence,

la seule chose qui puisse te séparer des autres.

Au moins avec elle tu peux

Tromper la réalité, ta réalité, tant de fois racontée.

Ainsi, tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu iras, en fait, nulle part.

 

IV

(Toutes tes nuits)

 

Cette nuit contient toutes les nuits,

toute ton existence

Ressemblant à une suite désordonnée d’heures,

de mois et d’années.

C’est difficile de regretter le temps écoulé à jamais.

Avec la persévérance

Eteindre la vie est probablement

plus difficile à peine.

Il y a longtemps tu croyais à quelque apparition,

Tu étais enflammé pour une femme

ou pour un poème.

Cette période-là te paraît aujourd’hui

encore plus ancienne

C’est maintenant que tu es

dans un autre épisode qui,

Il te semble, dure voilà des années.

Tu te trouves encore

Dans un autre achèvement.

Toute ton action est déjà prévue.

Que ta tristesse soit presque identique

dans tous les coins du monde

Dans toutes les cours, dans tous les refuges,

c’est aussi vain.

Car toi, tu n’es nulle part!

Tu n’as que surgi de manière invisible

De ta solitude. C’était un moment,

c’était une vie.

Traduction: Milan Barac

FRANCE

Le miroir du naufragé

I

(La Mort pas du tout majestueuse)

 

C’est pareil de l’autre côté de la route, crois-tu.

C’est pareil là-bas, sur l’autre rive où

Il te semblait jadis que la vie ait plus proche.

Mais, tu ne le sauras jamais, comme tu ne senitras

Non plus la largeur invisible de l’Europe Centrale

Ou n’importe quel crépuscule sur la côte ouest.

Dans chaque endroit du monde, c’est pareil, là-bas

Où les vies arrivent à leur terme.

Chaque matin est comme le tien — participation

Involontaire à la vie. Et chaque fin de jour est pareille,

C’est comme quand tu tombes dans un sommeil: ta mort

Pas du tout majestueuse. Et tu es là temporairement,

Là, sur ce monde.

 

II

(Les rites du monde entier)

 

Tu regardes devant toi, tu interroges ton vide.

Accoudé au comptoir devant le visage connu,

Tu t’abandonnes aux pensées exactement comme hier

Tu ne vois que jusqu’à la publicité

pour une bière médiocre.

Tu n’as rien à accepter, tu n’as rien à reporter.

Aucune obligation ne peut t’empêcher d’effectuer

Tes rites quotidiens. Pour eux tu crois qu’ils

Sont les rites du modne entier.

Tu es la mesure d’une précision fatale

Ta vie se déroule là, devant le comptoir ou

Dans une autre demeure du perdant.

Probablement dans d’autres endroits

elle n’y est pas.

C’est uniquement la conscience sur le définitif

Qui te reste comme raisonable en fin de soirée.

Pour toi-même, comme ça, tu lâches quelques mots

Sans importance — ils dénoncent

ta philosophie transparante.

Juste avant de te coucher tu penses:

Il y a en fait des gens qui n’ont jamais vécu.

 

III

(D’un endroit à l’autre)

 

Tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu ne vas en fait nulle part.

Même pas toi-même,

tu ne sais pas décrire ton état actuel

(comme sont misérables les choses privées de dénomination!)

tu ne découvres pas de pays,

tu n’apprends pas de nouveaux mots

et de ceux déjà existant

tu ne te sers point comme tu voudrais.

Tes journées ressemblent de plus en plus

à l’oisiveté des femmes.

Puisque c’est une histoire déjà racontée

et tu as déjà entendu ou tu t’en doutes

Que toutes les histoires

sont exactement comme celle-ci,

De nouveau tu te coinces dans un coin

et tu ne trouves pas le moyen

de t’arracher du monde.

La tristesse est la marque de ton existence,

la seule chose qui puisse te séparer des autres.

Au moins avec elle tu peux

Tromper la réalité, ta réalité, tant de fois racontée.

Ainsi, tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu iras, en fait, nulle part.

 

IV

(Toutes tes nuits)

 

Cette nuit contient toutes les nuits,

toute ton existence

Ressemblant à une suite désordonnée d’heures,

de mois et d’années.

C’est difficile de regretter le temps écoulé à jamais.

Avec la persévérance

Eteindre la vie est probablement

plus difficile à peine.

Il y a longtemps tu croyais à quelque apparition,

Tu étais enflammé pour une femme

ou pour un poème.

Cette période-là te paraît aujourd’hui

encore plus ancienne

C’est maintenant que tu es

dans un autre épisode qui,

Il te semble, dure voilà des années.

Tu te trouves encore

Dans un autre achèvement.

Toute ton action est déjà prévue.

Que ta tristesse soit presque identique

dans tous les coins du monde

Dans toutes les cours, dans tous les refuges,

c’est aussi vain.

Car toi, tu n’es nulle part!

Tu n’as que surgi de manière invisible

De ta solitude. C’était un moment,

c’était une vie.

Traduction: Milan Barac

Germany

Le miroir du naufragé

I

(La Mort pas du tout majestueuse)

 

C’est pareil de l’autre côté de la route, crois-tu.

C’est pareil là-bas, sur l’autre rive où

Il te semblait jadis que la vie ait plus proche.

Mais, tu ne le sauras jamais, comme tu ne senitras

Non plus la largeur invisible de l’Europe Centrale

Ou n’importe quel crépuscule sur la côte ouest.

Dans chaque endroit du monde, c’est pareil, là-bas

Où les vies arrivent à leur terme.

Chaque matin est comme le tien — participation

Involontaire à la vie. Et chaque fin de jour est pareille,

C’est comme quand tu tombes dans un sommeil: ta mort

Pas du tout majestueuse. Et tu es là temporairement,

Là, sur ce monde.

 

II

(Les rites du monde entier)

 

Tu regardes devant toi, tu interroges ton vide.

Accoudé au comptoir devant le visage connu,

Tu t’abandonnes aux pensées exactement comme hier

Tu ne vois que jusqu’à la publicité

pour une bière médiocre.

Tu n’as rien à accepter, tu n’as rien à reporter.

Aucune obligation ne peut t’empêcher d’effectuer

Tes rites quotidiens. Pour eux tu crois qu’ils

Sont les rites du modne entier.

Tu es la mesure d’une précision fatale

Ta vie se déroule là, devant le comptoir ou

Dans une autre demeure du perdant.

Probablement dans d’autres endroits

elle n’y est pas.

C’est uniquement la conscience sur le définitif

Qui te reste comme raisonable en fin de soirée.

Pour toi-même, comme ça, tu lâches quelques mots

Sans importance — ils dénoncent

ta philosophie transparante.

Juste avant de te coucher tu penses:

Il y a en fait des gens qui n’ont jamais vécu.

 

III

(D’un endroit à l’autre)

 

Tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu ne vas en fait nulle part.

Même pas toi-même,

tu ne sais pas décrire ton état actuel

(comme sont misérables les choses privées de dénomination!)

tu ne découvres pas de pays,

tu n’apprends pas de nouveaux mots

et de ceux déjà existant

tu ne te sers point comme tu voudrais.

Tes journées ressemblent de plus en plus

à l’oisiveté des femmes.

Puisque c’est une histoire déjà racontée

et tu as déjà entendu ou tu t’en doutes

Que toutes les histoires

sont exactement comme celle-ci,

De nouveau tu te coinces dans un coin

et tu ne trouves pas le moyen

de t’arracher du monde.

La tristesse est la marque de ton existence,

la seule chose qui puisse te séparer des autres.

Au moins avec elle tu peux

Tromper la réalité, ta réalité, tant de fois racontée.

Ainsi, tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu iras, en fait, nulle part.

 

IV

(Toutes tes nuits)

 

Cette nuit contient toutes les nuits,

toute ton existence

Ressemblant à une suite désordonnée d’heures,

de mois et d’années.

C’est difficile de regretter le temps écoulé à jamais.

Avec la persévérance

Eteindre la vie est probablement

plus difficile à peine.

Il y a longtemps tu croyais à quelque apparition,

Tu étais enflammé pour une femme

ou pour un poème.

Cette période-là te paraît aujourd’hui

encore plus ancienne

C’est maintenant que tu es

dans un autre épisode qui,

Il te semble, dure voilà des années.

Tu te trouves encore

Dans un autre achèvement.

Toute ton action est déjà prévue.

Que ta tristesse soit presque identique

dans tous les coins du monde

Dans toutes les cours, dans tous les refuges,

c’est aussi vain.

Car toi, tu n’es nulle part!

Tu n’as que surgi de manière invisible

De ta solitude. C’était un moment,

c’était une vie.

Traduction: Milan Barac

Italia

Le miroir du naufragé

I

(La Mort pas du tout majestueuse)

 

C’est pareil de l’autre côté de la route, crois-tu.

C’est pareil là-bas, sur l’autre rive où

Il te semblait jadis que la vie ait plus proche.

Mais, tu ne le sauras jamais, comme tu ne senitras

Non plus la largeur invisible de l’Europe Centrale

Ou n’importe quel crépuscule sur la côte ouest.

Dans chaque endroit du monde, c’est pareil, là-bas

Où les vies arrivent à leur terme.

Chaque matin est comme le tien — participation

Involontaire à la vie. Et chaque fin de jour est pareille,

C’est comme quand tu tombes dans un sommeil: ta mort

Pas du tout majestueuse. Et tu es là temporairement,

Là, sur ce monde.

 

II

(Les rites du monde entier)

 

Tu regardes devant toi, tu interroges ton vide.

Accoudé au comptoir devant le visage connu,

Tu t’abandonnes aux pensées exactement comme hier

Tu ne vois que jusqu’à la publicité

pour une bière médiocre.

Tu n’as rien à accepter, tu n’as rien à reporter.

Aucune obligation ne peut t’empêcher d’effectuer

Tes rites quotidiens. Pour eux tu crois qu’ils

Sont les rites du modne entier.

Tu es la mesure d’une précision fatale

Ta vie se déroule là, devant le comptoir ou

Dans une autre demeure du perdant.

Probablement dans d’autres endroits

elle n’y est pas.

C’est uniquement la conscience sur le définitif

Qui te reste comme raisonable en fin de soirée.

Pour toi-même, comme ça, tu lâches quelques mots

Sans importance — ils dénoncent

ta philosophie transparante.

Juste avant de te coucher tu penses:

Il y a en fait des gens qui n’ont jamais vécu.

 

III

(D’un endroit à l’autre)

 

Tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu ne vas en fait nulle part.

Même pas toi-même,

tu ne sais pas décrire ton état actuel

(comme sont misérables les choses privées de dénomination!)

tu ne découvres pas de pays,

tu n’apprends pas de nouveaux mots

et de ceux déjà existant

tu ne te sers point comme tu voudrais.

Tes journées ressemblent de plus en plus

à l’oisiveté des femmes.

Puisque c’est une histoire déjà racontée

et tu as déjà entendu ou tu t’en doutes

Que toutes les histoires

sont exactement comme celle-ci,

De nouveau tu te coinces dans un coin

et tu ne trouves pas le moyen

de t’arracher du monde.

La tristesse est la marque de ton existence,

la seule chose qui puisse te séparer des autres.

Au moins avec elle tu peux

Tromper la réalité, ta réalité, tant de fois racontée.

Ainsi, tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu iras, en fait, nulle part.

 

IV

(Toutes tes nuits)

 

Cette nuit contient toutes les nuits,

toute ton existence

Ressemblant à une suite désordonnée d’heures,

de mois et d’années.

C’est difficile de regretter le temps écoulé à jamais.

Avec la persévérance

Eteindre la vie est probablement

plus difficile à peine.

Il y a longtemps tu croyais à quelque apparition,

Tu étais enflammé pour une femme

ou pour un poème.

Cette période-là te paraît aujourd’hui

encore plus ancienne

C’est maintenant que tu es

dans un autre épisode qui,

Il te semble, dure voilà des années.

Tu te trouves encore

Dans un autre achèvement.

Toute ton action est déjà prévue.

Que ta tristesse soit presque identique

dans tous les coins du monde

Dans toutes les cours, dans tous les refuges,

c’est aussi vain.

Car toi, tu n’es nulle part!

Tu n’as que surgi de manière invisible

De ta solitude. C’était un moment,

c’était une vie.

Traduction: Milan Barac

Albania

Le miroir du naufragé

I

(La Mort pas du tout majestueuse)

 

C’est pareil de l’autre côté de la route, crois-tu.

C’est pareil là-bas, sur l’autre rive où

Il te semblait jadis que la vie ait plus proche.

Mais, tu ne le sauras jamais, comme tu ne senitras

Non plus la largeur invisible de l’Europe Centrale

Ou n’importe quel crépuscule sur la côte ouest.

Dans chaque endroit du monde, c’est pareil, là-bas

Où les vies arrivent à leur terme.

Chaque matin est comme le tien — participation

Involontaire à la vie. Et chaque fin de jour est pareille,

C’est comme quand tu tombes dans un sommeil: ta mort

Pas du tout majestueuse. Et tu es là temporairement,

Là, sur ce monde.

 

II

(Les rites du monde entier)

 

Tu regardes devant toi, tu interroges ton vide.

Accoudé au comptoir devant le visage connu,

Tu t’abandonnes aux pensées exactement comme hier

Tu ne vois que jusqu’à la publicité

pour une bière médiocre.

Tu n’as rien à accepter, tu n’as rien à reporter.

Aucune obligation ne peut t’empêcher d’effectuer

Tes rites quotidiens. Pour eux tu crois qu’ils

Sont les rites du modne entier.

Tu es la mesure d’une précision fatale

Ta vie se déroule là, devant le comptoir ou

Dans une autre demeure du perdant.

Probablement dans d’autres endroits

elle n’y est pas.

C’est uniquement la conscience sur le définitif

Qui te reste comme raisonable en fin de soirée.

Pour toi-même, comme ça, tu lâches quelques mots

Sans importance — ils dénoncent

ta philosophie transparante.

Juste avant de te coucher tu penses:

Il y a en fait des gens qui n’ont jamais vécu.

 

III

(D’un endroit à l’autre)

 

Tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu ne vas en fait nulle part.

Même pas toi-même,

tu ne sais pas décrire ton état actuel

(comme sont misérables les choses privées de dénomination!)

tu ne découvres pas de pays,

tu n’apprends pas de nouveaux mots

et de ceux déjà existant

tu ne te sers point comme tu voudrais.

Tes journées ressemblent de plus en plus

à l’oisiveté des femmes.

Puisque c’est une histoire déjà racontée

et tu as déjà entendu ou tu t’en doutes

Que toutes les histoires

sont exactement comme celle-ci,

De nouveau tu te coinces dans un coin

et tu ne trouves pas le moyen

de t’arracher du monde.

La tristesse est la marque de ton existence,

la seule chose qui puisse te séparer des autres.

Au moins avec elle tu peux

Tromper la réalité, ta réalité, tant de fois racontée.

Ainsi, tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu iras, en fait, nulle part.

 

IV

(Toutes tes nuits)

 

Cette nuit contient toutes les nuits,

toute ton existence

Ressemblant à une suite désordonnée d’heures,

de mois et d’années.

C’est difficile de regretter le temps écoulé à jamais.

Avec la persévérance

Eteindre la vie est probablement

plus difficile à peine.

Il y a longtemps tu croyais à quelque apparition,

Tu étais enflammé pour une femme

ou pour un poème.

Cette période-là te paraît aujourd’hui

encore plus ancienne

C’est maintenant que tu es

dans un autre épisode qui,

Il te semble, dure voilà des années.

Tu te trouves encore

Dans un autre achèvement.

Toute ton action est déjà prévue.

Que ta tristesse soit presque identique

dans tous les coins du monde

Dans toutes les cours, dans tous les refuges,

c’est aussi vain.

Car toi, tu n’es nulle part!

Tu n’as que surgi de manière invisible

De ta solitude. C’était un moment,

c’était une vie.

Traduction: Milan Barac

Poland

Le miroir du naufragé

I

(La Mort pas du tout majestueuse)

 

C’est pareil de l’autre côté de la route, crois-tu.

C’est pareil là-bas, sur l’autre rive où

Il te semblait jadis que la vie ait plus proche.

Mais, tu ne le sauras jamais, comme tu ne senitras

Non plus la largeur invisible de l’Europe Centrale

Ou n’importe quel crépuscule sur la côte ouest.

Dans chaque endroit du monde, c’est pareil, là-bas

Où les vies arrivent à leur terme.

Chaque matin est comme le tien — participation

Involontaire à la vie. Et chaque fin de jour est pareille,

C’est comme quand tu tombes dans un sommeil: ta mort

Pas du tout majestueuse. Et tu es là temporairement,

Là, sur ce monde.

 

II

(Les rites du monde entier)

 

Tu regardes devant toi, tu interroges ton vide.

Accoudé au comptoir devant le visage connu,

Tu t’abandonnes aux pensées exactement comme hier

Tu ne vois que jusqu’à la publicité

pour une bière médiocre.

Tu n’as rien à accepter, tu n’as rien à reporter.

Aucune obligation ne peut t’empêcher d’effectuer

Tes rites quotidiens. Pour eux tu crois qu’ils

Sont les rites du modne entier.

Tu es la mesure d’une précision fatale

Ta vie se déroule là, devant le comptoir ou

Dans une autre demeure du perdant.

Probablement dans d’autres endroits

elle n’y est pas.

C’est uniquement la conscience sur le définitif

Qui te reste comme raisonable en fin de soirée.

Pour toi-même, comme ça, tu lâches quelques mots

Sans importance — ils dénoncent

ta philosophie transparante.

Juste avant de te coucher tu penses:

Il y a en fait des gens qui n’ont jamais vécu.

 

III

(D’un endroit à l’autre)

 

Tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu ne vas en fait nulle part.

Même pas toi-même,

tu ne sais pas décrire ton état actuel

(comme sont misérables les choses privées de dénomination!)

tu ne découvres pas de pays,

tu n’apprends pas de nouveaux mots

et de ceux déjà existant

tu ne te sers point comme tu voudrais.

Tes journées ressemblent de plus en plus

à l’oisiveté des femmes.

Puisque c’est une histoire déjà racontée

et tu as déjà entendu ou tu t’en doutes

Que toutes les histoires

sont exactement comme celle-ci,

De nouveau tu te coinces dans un coin

et tu ne trouves pas le moyen

de t’arracher du monde.

La tristesse est la marque de ton existence,

la seule chose qui puisse te séparer des autres.

Au moins avec elle tu peux

Tromper la réalité, ta réalité, tant de fois racontée.

Ainsi, tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu iras, en fait, nulle part.

 

IV

(Toutes tes nuits)

 

Cette nuit contient toutes les nuits,

toute ton existence

Ressemblant à une suite désordonnée d’heures,

de mois et d’années.

C’est difficile de regretter le temps écoulé à jamais.

Avec la persévérance

Eteindre la vie est probablement

plus difficile à peine.

Il y a longtemps tu croyais à quelque apparition,

Tu étais enflammé pour une femme

ou pour un poème.

Cette période-là te paraît aujourd’hui

encore plus ancienne

C’est maintenant que tu es

dans un autre épisode qui,

Il te semble, dure voilà des années.

Tu te trouves encore

Dans un autre achèvement.

Toute ton action est déjà prévue.

Que ta tristesse soit presque identique

dans tous les coins du monde

Dans toutes les cours, dans tous les refuges,

c’est aussi vain.

Car toi, tu n’es nulle part!

Tu n’as que surgi de manière invisible

De ta solitude. C’était un moment,

c’était une vie.

Traduction: Milan Barac

Russia

Le miroir du naufragé

I

(La Mort pas du tout majestueuse)

 

C’est pareil de l’autre côté de la route, crois-tu.

C’est pareil là-bas, sur l’autre rive où

Il te semblait jadis que la vie ait plus proche.

Mais, tu ne le sauras jamais, comme tu ne senitras

Non plus la largeur invisible de l’Europe Centrale

Ou n’importe quel crépuscule sur la côte ouest.

Dans chaque endroit du monde, c’est pareil, là-bas

Où les vies arrivent à leur terme.

Chaque matin est comme le tien — participation

Involontaire à la vie. Et chaque fin de jour est pareille,

C’est comme quand tu tombes dans un sommeil: ta mort

Pas du tout majestueuse. Et tu es là temporairement,

Là, sur ce monde.

 

II

(Les rites du monde entier)

 

Tu regardes devant toi, tu interroges ton vide.

Accoudé au comptoir devant le visage connu,

Tu t’abandonnes aux pensées exactement comme hier

Tu ne vois que jusqu’à la publicité

pour une bière médiocre.

Tu n’as rien à accepter, tu n’as rien à reporter.

Aucune obligation ne peut t’empêcher d’effectuer

Tes rites quotidiens. Pour eux tu crois qu’ils

Sont les rites du modne entier.

Tu es la mesure d’une précision fatale

Ta vie se déroule là, devant le comptoir ou

Dans une autre demeure du perdant.

Probablement dans d’autres endroits

elle n’y est pas.

C’est uniquement la conscience sur le définitif

Qui te reste comme raisonable en fin de soirée.

Pour toi-même, comme ça, tu lâches quelques mots

Sans importance — ils dénoncent

ta philosophie transparante.

Juste avant de te coucher tu penses:

Il y a en fait des gens qui n’ont jamais vécu.

 

III

(D’un endroit à l’autre)

 

Tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu ne vas en fait nulle part.

Même pas toi-même,

tu ne sais pas décrire ton état actuel

(comme sont misérables les choses privées de dénomination!)

tu ne découvres pas de pays,

tu n’apprends pas de nouveaux mots

et de ceux déjà existant

tu ne te sers point comme tu voudrais.

Tes journées ressemblent de plus en plus

à l’oisiveté des femmes.

Puisque c’est une histoire déjà racontée

et tu as déjà entendu ou tu t’en doutes

Que toutes les histoires

sont exactement comme celle-ci,

De nouveau tu te coinces dans un coin

et tu ne trouves pas le moyen

de t’arracher du monde.

La tristesse est la marque de ton existence,

la seule chose qui puisse te séparer des autres.

Au moins avec elle tu peux

Tromper la réalité, ta réalité, tant de fois racontée.

Ainsi, tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu iras, en fait, nulle part.

 

IV

(Toutes tes nuits)

 

Cette nuit contient toutes les nuits,

toute ton existence

Ressemblant à une suite désordonnée d’heures,

de mois et d’années.

C’est difficile de regretter le temps écoulé à jamais.

Avec la persévérance

Eteindre la vie est probablement

plus difficile à peine.

Il y a longtemps tu croyais à quelque apparition,

Tu étais enflammé pour une femme

ou pour un poème.

Cette période-là te paraît aujourd’hui

encore plus ancienne

C’est maintenant que tu es

dans un autre épisode qui,

Il te semble, dure voilà des années.

Tu te trouves encore

Dans un autre achèvement.

Toute ton action est déjà prévue.

Que ta tristesse soit presque identique

dans tous les coins du monde

Dans toutes les cours, dans tous les refuges,

c’est aussi vain.

Car toi, tu n’es nulle part!

Tu n’as que surgi de manière invisible

De ta solitude. C’était un moment,

c’était une vie.

Traduction: Milan Barac

Slovakia

Le miroir du naufragé

I

(La Mort pas du tout majestueuse)

 

C’est pareil de l’autre côté de la route, crois-tu.

C’est pareil là-bas, sur l’autre rive où

Il te semblait jadis que la vie ait plus proche.

Mais, tu ne le sauras jamais, comme tu ne senitras

Non plus la largeur invisible de l’Europe Centrale

Ou n’importe quel crépuscule sur la côte ouest.

Dans chaque endroit du monde, c’est pareil, là-bas

Où les vies arrivent à leur terme.

Chaque matin est comme le tien — participation

Involontaire à la vie. Et chaque fin de jour est pareille,

C’est comme quand tu tombes dans un sommeil: ta mort

Pas du tout majestueuse. Et tu es là temporairement,

Là, sur ce monde.

 

II

(Les rites du monde entier)

 

Tu regardes devant toi, tu interroges ton vide.

Accoudé au comptoir devant le visage connu,

Tu t’abandonnes aux pensées exactement comme hier

Tu ne vois que jusqu’à la publicité

pour une bière médiocre.

Tu n’as rien à accepter, tu n’as rien à reporter.

Aucune obligation ne peut t’empêcher d’effectuer

Tes rites quotidiens. Pour eux tu crois qu’ils

Sont les rites du modne entier.

Tu es la mesure d’une précision fatale

Ta vie se déroule là, devant le comptoir ou

Dans une autre demeure du perdant.

Probablement dans d’autres endroits

elle n’y est pas.

C’est uniquement la conscience sur le définitif

Qui te reste comme raisonable en fin de soirée.

Pour toi-même, comme ça, tu lâches quelques mots

Sans importance — ils dénoncent

ta philosophie transparante.

Juste avant de te coucher tu penses:

Il y a en fait des gens qui n’ont jamais vécu.

 

III

(D’un endroit à l’autre)

 

Tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu ne vas en fait nulle part.

Même pas toi-même,

tu ne sais pas décrire ton état actuel

(comme sont misérables les choses privées de dénomination!)

tu ne découvres pas de pays,

tu n’apprends pas de nouveaux mots

et de ceux déjà existant

tu ne te sers point comme tu voudrais.

Tes journées ressemblent de plus en plus

à l’oisiveté des femmes.

Puisque c’est une histoire déjà racontée

et tu as déjà entendu ou tu t’en doutes

Que toutes les histoires

sont exactement comme celle-ci,

De nouveau tu te coinces dans un coin

et tu ne trouves pas le moyen

de t’arracher du monde.

La tristesse est la marque de ton existence,

la seule chose qui puisse te séparer des autres.

Au moins avec elle tu peux

Tromper la réalité, ta réalité, tant de fois racontée.

Ainsi, tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu iras, en fait, nulle part.

 

IV

(Toutes tes nuits)

 

Cette nuit contient toutes les nuits,

toute ton existence

Ressemblant à une suite désordonnée d’heures,

de mois et d’années.

C’est difficile de regretter le temps écoulé à jamais.

Avec la persévérance

Eteindre la vie est probablement

plus difficile à peine.

Il y a longtemps tu croyais à quelque apparition,

Tu étais enflammé pour une femme

ou pour un poème.

Cette période-là te paraît aujourd’hui

encore plus ancienne

C’est maintenant que tu es

dans un autre épisode qui,

Il te semble, dure voilà des années.

Tu te trouves encore

Dans un autre achèvement.

Toute ton action est déjà prévue.

Que ta tristesse soit presque identique

dans tous les coins du monde

Dans toutes les cours, dans tous les refuges,

c’est aussi vain.

Car toi, tu n’es nulle part!

Tu n’as que surgi de manière invisible

De ta solitude. C’était un moment,

c’était une vie.

Traduction: Milan Barac

Sweden

Le miroir du naufragé

I

(La Mort pas du tout majestueuse)

 

C’est pareil de l’autre côté de la route, crois-tu.

C’est pareil là-bas, sur l’autre rive où

Il te semblait jadis que la vie ait plus proche.

Mais, tu ne le sauras jamais, comme tu ne senitras

Non plus la largeur invisible de l’Europe Centrale

Ou n’importe quel crépuscule sur la côte ouest.

Dans chaque endroit du monde, c’est pareil, là-bas

Où les vies arrivent à leur terme.

Chaque matin est comme le tien — participation

Involontaire à la vie. Et chaque fin de jour est pareille,

C’est comme quand tu tombes dans un sommeil: ta mort

Pas du tout majestueuse. Et tu es là temporairement,

Là, sur ce monde.

 

II

(Les rites du monde entier)

 

Tu regardes devant toi, tu interroges ton vide.

Accoudé au comptoir devant le visage connu,

Tu t’abandonnes aux pensées exactement comme hier

Tu ne vois que jusqu’à la publicité

pour une bière médiocre.

Tu n’as rien à accepter, tu n’as rien à reporter.

Aucune obligation ne peut t’empêcher d’effectuer

Tes rites quotidiens. Pour eux tu crois qu’ils

Sont les rites du modne entier.

Tu es la mesure d’une précision fatale

Ta vie se déroule là, devant le comptoir ou

Dans une autre demeure du perdant.

Probablement dans d’autres endroits

elle n’y est pas.

C’est uniquement la conscience sur le définitif

Qui te reste comme raisonable en fin de soirée.

Pour toi-même, comme ça, tu lâches quelques mots

Sans importance — ils dénoncent

ta philosophie transparante.

Juste avant de te coucher tu penses:

Il y a en fait des gens qui n’ont jamais vécu.

 

III

(D’un endroit à l’autre)

 

Tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu ne vas en fait nulle part.

Même pas toi-même,

tu ne sais pas décrire ton état actuel

(comme sont misérables les choses privées de dénomination!)

tu ne découvres pas de pays,

tu n’apprends pas de nouveaux mots

et de ceux déjà existant

tu ne te sers point comme tu voudrais.

Tes journées ressemblent de plus en plus

à l’oisiveté des femmes.

Puisque c’est une histoire déjà racontée

et tu as déjà entendu ou tu t’en doutes

Que toutes les histoires

sont exactement comme celle-ci,

De nouveau tu te coinces dans un coin

et tu ne trouves pas le moyen

de t’arracher du monde.

La tristesse est la marque de ton existence,

la seule chose qui puisse te séparer des autres.

Au moins avec elle tu peux

Tromper la réalité, ta réalité, tant de fois racontée.

Ainsi, tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu iras, en fait, nulle part.

 

IV

(Toutes tes nuits)

 

Cette nuit contient toutes les nuits,

toute ton existence

Ressemblant à une suite désordonnée d’heures,

de mois et d’années.

C’est difficile de regretter le temps écoulé à jamais.

Avec la persévérance

Eteindre la vie est probablement

plus difficile à peine.

Il y a longtemps tu croyais à quelque apparition,

Tu étais enflammé pour une femme

ou pour un poème.

Cette période-là te paraît aujourd’hui

encore plus ancienne

C’est maintenant que tu es

dans un autre épisode qui,

Il te semble, dure voilà des années.

Tu te trouves encore

Dans un autre achèvement.

Toute ton action est déjà prévue.

Que ta tristesse soit presque identique

dans tous les coins du monde

Dans toutes les cours, dans tous les refuges,

c’est aussi vain.

Car toi, tu n’es nulle part!

Tu n’as que surgi de manière invisible

De ta solitude. C’était un moment,

c’était une vie.

Traduction: Milan Barac

Slovenija

Le miroir du naufragé

I

(La Mort pas du tout majestueuse)

 

C’est pareil de l’autre côté de la route, crois-tu.

C’est pareil là-bas, sur l’autre rive où

Il te semblait jadis que la vie ait plus proche.

Mais, tu ne le sauras jamais, comme tu ne senitras

Non plus la largeur invisible de l’Europe Centrale

Ou n’importe quel crépuscule sur la côte ouest.

Dans chaque endroit du monde, c’est pareil, là-bas

Où les vies arrivent à leur terme.

Chaque matin est comme le tien — participation

Involontaire à la vie. Et chaque fin de jour est pareille,

C’est comme quand tu tombes dans un sommeil: ta mort

Pas du tout majestueuse. Et tu es là temporairement,

Là, sur ce monde.

 

II

(Les rites du monde entier)

 

Tu regardes devant toi, tu interroges ton vide.

Accoudé au comptoir devant le visage connu,

Tu t’abandonnes aux pensées exactement comme hier

Tu ne vois que jusqu’à la publicité

pour une bière médiocre.

Tu n’as rien à accepter, tu n’as rien à reporter.

Aucune obligation ne peut t’empêcher d’effectuer

Tes rites quotidiens. Pour eux tu crois qu’ils

Sont les rites du modne entier.

Tu es la mesure d’une précision fatale

Ta vie se déroule là, devant le comptoir ou

Dans une autre demeure du perdant.

Probablement dans d’autres endroits

elle n’y est pas.

C’est uniquement la conscience sur le définitif

Qui te reste comme raisonable en fin de soirée.

Pour toi-même, comme ça, tu lâches quelques mots

Sans importance — ils dénoncent

ta philosophie transparante.

Juste avant de te coucher tu penses:

Il y a en fait des gens qui n’ont jamais vécu.

 

III

(D’un endroit à l’autre)

 

Tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu ne vas en fait nulle part.

Même pas toi-même,

tu ne sais pas décrire ton état actuel

(comme sont misérables les choses privées de dénomination!)

tu ne découvres pas de pays,

tu n’apprends pas de nouveaux mots

et de ceux déjà existant

tu ne te sers point comme tu voudrais.

Tes journées ressemblent de plus en plus

à l’oisiveté des femmes.

Puisque c’est une histoire déjà racontée

et tu as déjà entendu ou tu t’en doutes

Que toutes les histoires

sont exactement comme celle-ci,

De nouveau tu te coinces dans un coin

et tu ne trouves pas le moyen

de t’arracher du monde.

La tristesse est la marque de ton existence,

la seule chose qui puisse te séparer des autres.

Au moins avec elle tu peux

Tromper la réalité, ta réalité, tant de fois racontée.

Ainsi, tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu iras, en fait, nulle part.

 

IV

(Toutes tes nuits)

 

Cette nuit contient toutes les nuits,

toute ton existence

Ressemblant à une suite désordonnée d’heures,

de mois et d’années.

C’est difficile de regretter le temps écoulé à jamais.

Avec la persévérance

Eteindre la vie est probablement

plus difficile à peine.

Il y a longtemps tu croyais à quelque apparition,

Tu étais enflammé pour une femme

ou pour un poème.

Cette période-là te paraît aujourd’hui

encore plus ancienne

C’est maintenant que tu es

dans un autre épisode qui,

Il te semble, dure voilà des années.

Tu te trouves encore

Dans un autre achèvement.

Toute ton action est déjà prévue.

Que ta tristesse soit presque identique

dans tous les coins du monde

Dans toutes les cours, dans tous les refuges,

c’est aussi vain.

Car toi, tu n’es nulle part!

Tu n’as que surgi de manière invisible

De ta solitude. C’était un moment,

c’était une vie.

Traduction: Milan Barac

North Macedonia

Le miroir du naufragé

I

(La Mort pas du tout majestueuse)

 

C’est pareil de l’autre côté de la route, crois-tu.

C’est pareil là-bas, sur l’autre rive où

Il te semblait jadis que la vie ait plus proche.

Mais, tu ne le sauras jamais, comme tu ne senitras

Non plus la largeur invisible de l’Europe Centrale

Ou n’importe quel crépuscule sur la côte ouest.

Dans chaque endroit du monde, c’est pareil, là-bas

Où les vies arrivent à leur terme.

Chaque matin est comme le tien — participation

Involontaire à la vie. Et chaque fin de jour est pareille,

C’est comme quand tu tombes dans un sommeil: ta mort

Pas du tout majestueuse. Et tu es là temporairement,

Là, sur ce monde.

 

II

(Les rites du monde entier)

 

Tu regardes devant toi, tu interroges ton vide.

Accoudé au comptoir devant le visage connu,

Tu t’abandonnes aux pensées exactement comme hier

Tu ne vois que jusqu’à la publicité

pour une bière médiocre.

Tu n’as rien à accepter, tu n’as rien à reporter.

Aucune obligation ne peut t’empêcher d’effectuer

Tes rites quotidiens. Pour eux tu crois qu’ils

Sont les rites du modne entier.

Tu es la mesure d’une précision fatale

Ta vie se déroule là, devant le comptoir ou

Dans une autre demeure du perdant.

Probablement dans d’autres endroits

elle n’y est pas.

C’est uniquement la conscience sur le définitif

Qui te reste comme raisonable en fin de soirée.

Pour toi-même, comme ça, tu lâches quelques mots

Sans importance — ils dénoncent

ta philosophie transparante.

Juste avant de te coucher tu penses:

Il y a en fait des gens qui n’ont jamais vécu.

 

III

(D’un endroit à l’autre)

 

Tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu ne vas en fait nulle part.

Même pas toi-même,

tu ne sais pas décrire ton état actuel

(comme sont misérables les choses privées de dénomination!)

tu ne découvres pas de pays,

tu n’apprends pas de nouveaux mots

et de ceux déjà existant

tu ne te sers point comme tu voudrais.

Tes journées ressemblent de plus en plus

à l’oisiveté des femmes.

Puisque c’est une histoire déjà racontée

et tu as déjà entendu ou tu t’en doutes

Que toutes les histoires

sont exactement comme celle-ci,

De nouveau tu te coinces dans un coin

et tu ne trouves pas le moyen

de t’arracher du monde.

La tristesse est la marque de ton existence,

la seule chose qui puisse te séparer des autres.

Au moins avec elle tu peux

Tromper la réalité, ta réalité, tant de fois racontée.

Ainsi, tu t’en vas d’un endroit à l’autre

et tu iras, en fait, nulle part.

 

IV

(Toutes tes nuits)

 

Cette nuit contient toutes les nuits,

toute ton existence

Ressemblant à une suite désordonnée d’heures,

de mois et d’années.

C’est difficile de regretter le temps écoulé à jamais.

Avec la persévérance

Eteindre la vie est probablement

plus difficile à peine.

Il y a longtemps tu croyais à quelque apparition,

Tu étais enflammé pour une femme

ou pour un poème.

Cette période-là te paraît aujourd’hui

encore plus ancienne

C’est maintenant que tu es

dans un autre épisode qui,

Il te semble, dure voilà des années.

Tu te trouves encore

Dans un autre achèvement.

Toute ton action est déjà prévue.

Que ta tristesse soit presque identique

dans tous les coins du monde

Dans toutes les cours, dans tous les refuges,

c’est aussi vain.

Car toi, tu n’es nulle part!

Tu n’as que surgi de manière invisible

De ta solitude. C’était un moment,

c’était une vie.

Traduction: Milan Barac